BASIC TRAINING à SHAW FIELD (Caroline du Sud).
Au début, c'est le site d'une petite école de pilotage, fondée par la ville de Sumter. En 1941, l'US Army Air Corps réquisitionne le site et l'aménage en base militaire. Cette base est appelée Shaw Field, en l'honneur du Lieutenant pilote Erwin David Shaw, natif de Sumter, disparu au cours d'une mission de reconnaissance en France, durant la Grande Guerre. Dès décembre 1941, Shaw Field fonctionne comme «Basic Training School» jusqu'en fin 1945. En 1947, lors de la création de l'US Air Force, Shaw Field devient officiellement Shaw Air Force Base.
En octobre 1944, Shaw Field est une immense base militaire du US Army Air Corps, dont la «Basic School» a déjà formé des milliers de pilotes américains et d'autres nationalités, y compris des «French Cadets» à partir du 9eme détachement. Les pistes d'envol / atterrissage et les voies de dégagement sont en béton. Sur les aires en béton, devant le «Flight Line», un nombre imposant d'avions s'alignent. Ce sont des Texan AT-6, à train escamotable. Pourquoi des AT-6, puisqu'il s'agit du «Basic Training» ? Les «cadets» du 12eme, ayant choisi le bombardement sont les cobayes d'un changement du «Basic Training», visant à éliminer le Vultee BT-13, ainsi que le Beechcraft AT-10 utilisé jusque là pour la formation des pilotes de bimoteur. Malgré le grand écart de performances entre le PT-1 7 et l'AT-6, ils s'en tirent honorablement avec peu d'éliminés.
Souvenirs de Shaw Field (extraits), par Georges Contrasty (12ème détachement).
A Shaw Field, les «French Cadets» non-officiers retrouvent tant soit peu la vie «US Army» qu'ils avaient connue à leur arrivée à Craig Field. Les logements sont plus spartiates qu'à Hawthorne Field. Ils retrouvent la cafétéria et ses consignes «Take anything you like and as much as you like, but you must eat it all». Ce n'est pas le «Cadet Mess» de Hawthorne, où d'accortes jeunes filles les servaient à table. En week-end, une chose qui, à la fois, les amuse et les intrigue est la ronde de certains «American Cadets» en tenue de ville, autour du terre-plein d'où s'élève le mât du drapeau Us marchent rigidement, en faisant parfois des gestes insolites. On pose des questions et on apprend que ces cadets purgent leurs «demerits», soit punitions accumulées durant la semaine et purgées par tant d'heures «Around the Flag». Ah oui ! Les gestes insolites: haltes, garde-à-vous, saluts à la Bannière Étoilée, têtes droites ou gauches avec salut, etc...font partie de la pénalité. On avait, parait-il, voulu soumettre les «French Cadets» fautifs à ce régime pénal, mais vu le cirque que certains créèrent, il fut décidé de coller un pensum au délinquant, en l'occurrence : «Vous m'écrirez tant de fois... (motif)».
Nos moniteurs sont maintenant des lieutenants de l'US Army Air Corps, à-peu près de nos âges. Le commandant de notre «School Flight» est un capitaine très relaxe, qui déguste toujours un Coca Cola bien frappé, durant le «briefing» matinal, quand nous volons dans l'avant-midi. Dans un stage de deux mois, chaque cadet, qui termine son «Basic » avec succès, ajoute dans les 80 heures de vol à son actif, ce qui le familiarise avec le train d'atterrissage escamotable, les communications en «basic English» avec la tour de contrôle, la navigation cross-country, le pilotage sans visibilité (instruments), le vol de nuit, le vol en formation et aussi la voltige (eh oui ! Même pour les futurs pilotes de bombardement la pratique et l'AT-6 s'y prête merveilleusement bien).
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