DES AILES SE SONT REPLIEES.
La perte d'un camarade est toujours une épreuve difficile à admettre et surmonter. Au cours des ces trois années aux Etats Unis 80 cadets périront lors de vols d'entraînement, seuls ou en équipages, accompagnés parfois dans leur chute mortelle par leur moniteur Américain. Maladie et accidents de voiture font également partie des causes de décès.
La cérémonie dans le carré des aviateurs Français au cimetière de Montgomery (Alabama) est empreinte d'une profonde émotion. Présidée par le père Pierre Goube, aumonier militaire, elle réunit les hautes autorités du Commandement Français et les proches camarades de promotion du cadet.
Citation à l'ordre de l'Armée par le général Charles Luguet, commandant des forces armées Françaises en Amérique:
Adieu à un camarade disparu. "Les Aviateurs Français présentent " (09.1945 - extraits) :
Soixante trois cercueils reposent en terre Américaine dans le cimetière militaire français de Montgomery (Alabama). Soixante trois aviateurs qui ont offert le suprême sacrifice à leur pays. C'est le prix que paient nos élèves pour avoir le droit de porter les ailes d'argent tant convoitées. C'est le prix d'un dur entraînement, c'est déjà, loin du champ de bataille, la rançon de la victoire.
Mais ces pertes pour douloureuses quelles soient, au lieu d'amollir les coeurs raffermissent les courages et accroissent chez nos jeunes aviateurs la fierté et l'amour de leur métier. Le danger constant qui fait désormais partie de leur existence les prépare magnifiquement à affronter, demain, les dures réalités du combat ; il les ennoblit et de ces garçons insouciants, "qui s'élancent vers le ciel pour y vivre le rêve merveilleux des aigles", il fait rapidement des hommes.
Vous aviez tout juste vint-cinq ans ; vous vouliez vous battre. Le sort en a décidé autrement. Mais tomber, comme vous, loin du champ de bataille, c'est encore tomber pour son pays. Vos camarades et vos chefs vous pleurent en s'associant à la profonde douleur de votre famille. Ils gardent de vous le souvenir le plus pûr parce qu'il reste lié au sentiment du devoir et du sacrifice.
Lt Jacques NOETINGER. (03.1945).
Copyright © - P. LAVERDET - 2001/2024.